Mercredi 17 Septembre (suite)
J'arrive en fin d'après midi. Au premier abord, ça ressemble juste à un squat immense.
Un homme sans âge sort et commence à me faire visiter les lieux. Un personnage qui incarne la sagesse et l'experience, entre Merlin l'Enchanteur et un esprit de la forêt. On distingue vaguement un visage entre sa longue barbe grise et sa chevelure qui semble devenir, avec le temps, un ensemble de branches et de racines. La couche épaisse de crasse sur ses vêtements rapiécés donne un aspect d'écorce à ce corps long et sec. Ses pieds nus n'ont jamais eu besoin de semelles pour se préserver du sol.
Au fur et à mesure que la visite progresse, je comprends qu'ici, il n'y a plus de frontière entre rêve et réalité. Tout est possible. La propriété privée n'existe plus, tout est commun. Il n'y a pas de chambres privées par exemple, mais de multiples chambres où on peut dormir à plusieurs ou s'isoler.
C'est plein d'ateliers et d'entrepôts, dont une bonne partie est réservée à la mécanique vélo, mais on y trouve aussi de quoi réparer des moteurs et d'autres genres de trucs. Une librairie avec des bouquins du sol au plafond, sur des étagères "tordues" des salles de jeux (avec même une pièce réservée aux trains électriques) une pièce pleine de matelas, pratique quand on veut se battre sans se faire mal, et encore plein de pièces, plus loufoques les unes que les autres, Parfois il y a même des passages secrets pour aller d'une pièce à l'autre ou changer d'étage. Ça c'est le bâtiment principal, une ancienne caserne militaire de la RDA.
Il y a aussi des grands entrepôts/ateliers dehors qui devaient être, avant la chute du mur, des garages pour différents engins militaires. Il y a aussi l'ancienne gare de Riebau qui leur appartient. Elle n'a pas été réhabilitée, ce qui signifie qu'il y a encore des centaines de mètres carrés disponibles pour réaliser ses rêves/envies. On trouve aussi une dizaine de wagens, en différents états, autant d'espaces habitables, ateliers et infoshops mobiles.
Ici tout est gratuit et on essaye de vivre le plus possible sans argent. On achète pas denourriture, tout viens des poubelles des villes environnantes, il n'y a pas toilettes à l'intérieur, seulement deux WC secs à compost -ce aui implique des centaines de litres d'eau économiséschaque jour. Il n'y a qu'un point d'eau courante, dans la cuisine, et cette eau (payante) estréservée à la consommation, pour les autres usages (douche, nettoyage...) on utilise l'eau de pluiequi est récupérée dans des citernes. Il n'y a pas non plus de chauffage électrique ou utilisant lesénergies fossiles, ni gazinière ni bouilloire électrique. Tout fonctionne au bois, récupérégratuitement ça et là. On touche du doigt ce que signifie vivre sans argent (ou presque). Et ça aplutôt l'air de fonctionner.
pour les photos, aller voir la :
http://www.photoblog.com/bikepunk/2008/09/16/ts-just-a-nice-place-in-ribau-germany.html
et
http://www.photoblog.com/bikepunk/2008/09/17/ts-inside.html
et
http://www.photoblog.com/bikepunk/2008/09/18/ts-about-workshops.html
et
http://www.photoblog.com/bikepunk/2008/09/19/ts-workshop-wagen-toolswagen-tripods-and-toilets.html
Jeudi 18 Septembre
Une balade à vélo jusqu"à Kaulitz, où il y a plusieurs autres projets communautaires. Je suisétonné par ce paysage désert d'hommes, étrangement calme. La seule activité de la région, c'estl'agriculture, et en 2008, elle ne nécessite pas beaucoup de mais d'œuvre. Rien à fair, pas detravail, la région est désertée. Mais il faut se rappeler que jusqu'en 1989, c'était la frontière entreles deux Allemagnes, côté est...
Je suis impressionné aussi par ces chemins qui font office de routes, parfois même, la route n'estqu'un double alignement de blocs de béton de 50cm de large. Juste de quoi isoler les roues de laboue. J'étais jusqu'alors incapable d'imaginer la réalité de cette situation dans Allemagne du 21è siècle.
A Kaulitz, Daniel se renseigne sur les wagens qui pourront être utilisés pour le Castor Camp de Hitzacker (camp de résistance anti nucléaire au mois de novembre). Moi, je rencontre un vieilAnglais qui répare son camion.
Je vais aussi voir un autre lieu où là encore, ils ont racheté une ancienne caserne. Je ne trouvepersonne dehors et je n'ai pas envie de me confronter à la froideur humaine allemande, alors jepasse mon chemin et retourne à TS où on prépare un repas vegan de récup pour tout le monde.
Vendredi 19 Septembre
Je fais des photos, et puis je répare mon vélo. Avec Frank on reconstruit une partie de mon portebagage avant qui avait cassé. C'est individu me donne l'impression d'être la solution à tout. Ilsuffit de lui présenter un problème ou un besoin et cela devient de l'histoire ancienne ; incroyable...
Plusieurs personnes arrivent des 4 coins de l'Allemagne. Cette semaine en effet, à TS il est prévuune transmission de savoirs et d'expériences à propos de l'élaboration des ces tripodes quioccupent le jardin, bien pratiques pour "squatter" un champ d'OGM et rendre l'expulsiondifficile.
Samedi 20 Septembre
Première journée de formation à la construction d'un tripode en bois, pouvant atteindre 20 dehaut. Le principe de base est simple, trois longs troncs d'arbres sont attachés ensemble en unpoint grace à un nœud, les lois de la mécanique s'occupent du reste. On apprend donc à faire desnœuds, à dresser le tripode, à le démonter aussi, on étudie différentes versions, qui nécessitentplus ou moins de temps / main d'œuvre / moyens techniques, de façon à choisir la plusappropriée le moment venu. Puis on discute des expériences qui ont déjà eu lieu, des erreurs quiont été faites, de comment les flics s'y sont pris pour détruire et expulser...
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