Je traverse la ville en vélo. Glandouille... Je vais traîner a Christiania. J'y trouve des amis bretons qui comme moi sont arrivés la veille du festival.
Cet endroit est étrange, sympatique mais étrange. Un quartier entier -une ancienne base militaire- squatté par des hippies depuis les années 70. Une enclave dans la ville. Les engins à moteur y sont interdits, il n'y a que des vélo et des piétons. Il y a des monuments hindous et des prières tibétaines qui volent au vent, le bar s'appelle Woodstock. C'est plein de couleurs. Les photos sont interdites. Vous n'en aurez donc pas. Pour le touriste lambda, qui est venu en avion passer deux semaines en Scandinavie, je veux bien que ca ressemble de loin a ce qu'il a pu lire sur une société libertaire... mais quand on y regarde de plus près, on se rends très vite compte que la réalité n'est pas aussi rose...
Oui, quand on sort de Christiania on peut lire : "Ici vous entrez en UE". Oui on peut fumer des joints sans se cacher, et il n'y a pas de banque ni de Mc Donald. Oui je veux bien croire qu'il fut un temps où cet endroit devait apporter quelque chose vraiment différent de la société capitaliste, mais ce n'est pas vraiment ce que j'ai ressenti au mois d'août 2008...
Ce que j'ai vu, c'est des cars de touristes se promener en visite guidée comme au zoo, avec le même regard sur les "marginaux" environnant qu'ils auraient devant la cage aux lions ou l'enclos des chimpanzés, je pense qu'en leur faisant les yeux doux, on pourrait même avoir des cacahouètes... J'ai vu cette place de marché où l'on vends des Tshirts Che Guevara et des collier Bob Marley, on peut aussi bien acheter un joint déjà roulé que la révolution sous copyright...
Ça, c'est ce que tout le monde voit, c'est la réalité du touriste, qui déjà est pas bien subversive... Mais il y a aussi le problème des dealers et de leurs molosses en liberté (il est fortement déconseillé de se mettre à courir a Christiania), les guerres de gangs, les patrouilles de flics surarmés qui ont tous les droits et qui viennent faire des descentes régulièrement. Le prétexte, c'est la drogue, mais c'est plus pour reprendre le contrôle et réintroduire l'oppression.
L'Etat veut éradiquer cette enclave -ce qui n'est pas étonnant- il y a eu une offre de rachat avec des prix exhorbitants, le deal étant soit vous acceptez cette offre, soit de toute façon on vous expulsera de force. L'offre a été refusée...
Pour moi, la journée se passe a discuter. Je croise aussi d'autres fous de vélo, un qui vient du Pays Pasque et l'autre, italien qui arrive d'Espagne...
Jeudi 14 août
Le festival (Shit Town) commence. Je vais régler mes freins à l'atelier vélo. La disqueuse et le poste a souder fonctionnent a plein régime, tellement que je me sent mal à l'aise, comme sur une chaîne de production industrielle. Je retrouve mes amis dans la nuit, de partout, Lyon, La Haye, Amsterdam...
L'uniforme ici, c'est noir avec des clous dans la veste ; le port de dread locks derrière la tête est conseillé pour se fondre dans la masse. Je n'ai jamais vu ça, des milliers de crusties et des centaines de punks, plus lookés les uns que les autres.
Pour moi, ce festival est étrange, il crée une masse de crusts impressionnante, qui une fois les festivités terminées, va redevenir autant d'individus qui vont rentrer dans leur ville de rattachement et se retrouver à 3 ou 4, parfois même seuls...
Je n'ai pas vraiment vu les groupes, préférant passer ma nuit dehors à discuter. Pour dormir, évidemment le sleeping est plein et il ne reste que l'option "sous le chapiteaux dans l'herbe humide".
Vendredi 15 août
Une longue matinée à sillonner la ville, à la recherche d'un café à moins de 20 couronnes (3 euros). C'est aussi vain que la chasse au dahu.
Et puis on plante nos tentes.
Je vois un peu plus de groupes, mais pas envie de faire de report, et j'ai même pas de photos (des fois je me demande pourquoi tu lis ce blog).
Samedi 16 août
C'est la gaypride a Copenhague, les queers locaux organisent une "fuck gaypride" pour protester contre la récupération par la société capitaliste de la minorité gay, et pour se démarquer de la communauté gay "mainstream" qui ne demande rien de mieux que de faire partie de cette société. Curieux, je vais y faire un tour. Et je constate amèrement que l'évènement "subversif" se limite à s'asseoir dans un parc et écouter de la musique que j'aime pas.
Redirection donc vers le Punk Picnic, où en cette exceptionnelle après midi de beau temps danois, des groupes se produisent sur les rives de Sydhavnen. Certains on profitent pour se décrasser en faisant quelques brasses.
Pour finir, il y a la dernière nuit de concerts... c'est le début de la fin (du festival)...
Dimache 17 août
Pour mon anniversaire, j'ai droit à un gâteau au chocolat et à une BikeWar dont je rate le début. Le festival se termine avec la remise des prix.
Tout le monde se prépare à partir, je passe mes derniers moments avec mes potes que je ne vais pas revoir avant longtemps...
(Je n'ai pas pris de photos à Copenhague, et presque pas au Danemark en fait. Pas d'inspiration...)
Du 18 au 23 août.
Je ne vais pas décrire en détails ces journées aussi pleine d'ennui que vide d'aventures. Je me renseigne sur comment trouver du travail (souhaitant profiter des salaires scandinaves), je me renseigne sur la locations de rickshaw (sorte de taxi-vélo), ça pourrait m'aller m'aller bien de gagner de l'argent a pédaler...
Une paire de nuits de camping sauvage à Christiania, je retrouve mon ami Johnny que j'avais rencontré à Londres, il m'emmène à la Fulket Hus, un vieux centre social autogéré de Copenhague tristement désert au mois d'août.
Il m'emène aussi au 69 Jatveg, là où se trouvait le fameux Ungdomshuset, voilà ce qu'il en reste...
Je n'aurais pas l'occasion d'aller au nouvel endroit qu'ils ont obtenu légalement après un an de lutte. Je n'aurais pas l'occasion non plus d'aller renconter le collectif de Bumsen...
Un extrait de ce que j'ai pu écrire pendant cette semaine :
Rien à faire... Attendre ? Quoi ?
Ce pays est terrifiant, ce que j'en connais en tout cas. Fuir... ça devient mon seul objectif. C'est fou comme je suis déçu. Déçu des images d'autonomie radicale que je me faisais...
"Lost, Lost, Lost... I can't stand felling lost..."
1 comment:
Mêmes impressions sur ces quelques jours que toi.
Noptek
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