Hamburg / Copenhague

Lundi 11 Août

Je partage mon petit déjeuner avec Bene (le grand bonhomme de la maison jaune). Il m'offre du gâteau délicieux de se maman: cette journée commence parfaitement bien. J'ai bien dormi dans un bon lit, il fait beau, j'ai pris un bon petit déjeuner et pas seul pour une fois.

Le temps de faire des courses pour manger, je suis sur la route a 9h. Et je ne sors de la ville que 2h plus tard. C'est immense, ca n'en finit pas... Le vent me pousse jusqu'à Lübeck. A un moment donné, je m'arrête dans un café/pâtisserie pour remplir mes bidons ; derrière le comptoir, des chocolatines (comme on les appelle dans le sud de la France) nappées de chocolat noir à chaque extrémité, entre autres gâteaux plus merveilleux les uns que les autres.
J'en commande une, et quand je sors mon porte monnaie, on me fait comprendre en allemand que ce n'est pas la peine, c'est offert par la maison... Un plein d'eau, un pain au chocolat pour le mois appétissant, servis avec le sourire gratuitement. Décidément, la vie est belle. Je repars, en cherchant plus ou moins un endroit prendre mon repas. Comme je suis exigeant, je ne trouve rien a mon goût. Je continue. Finalement, je m'arrête dans le port de Nasedt. C'est la deuxième fois que je vois la mer depuis mon départ. je profite d'être arrêté pour prendre quelques photos.

Et je repars. Il me reste 70 bornes a faire. J'espère que les gros nuages gris, qui se promènent, épars, dans le ciel bleu ne vont pas décider de se vider au dessus de moi. Le paysage est magnifique, il fait bon. Que demander de plus ?
Plusieurs fois, je double des enfants, sur de petits vélos, ca me rapelle mes balades, adolescent dans les collines du Lauragais. C'était magique pour moi, enfourcher mon vélo pour aller voir ce qu'il y a, de l'autre côté de la colline et puis de la suivante ; parfois même, j'allais voir ce qu'il y avait au delà de l'horizon... Et à chaque fois je pensais : Et si je ne rentrais pas, si je continuais juste tout droit, pour découvrir le monde. Pourquoi faut-il toujours rentrer ? Pourquoi faut-il toujours que tout ait une fin ? J'ai pas envie... J'ai envie de goûter à la liberté. Sur les chemins, a travers bois et forêts, par delà les montagnes...
Rêve d'enfance, fantasme...


Et tout a coup, je réalise que c'est exactement ce que je suis en train de vivre. Et , le bonheurs me submerge, je me met à pleurer en continuant de pédaler. Pleurer de joie, la joie de réaliser ses rêves d'enfant ; au lieu d'accepter le futur mortifère qu'on nous propose.
Sur ma sacoche, mon badge avec un vélo accompagné de ces quelques mots : rien a foutre. C'est ca. Rien a foutre. Oublie tout ce que tu "dois" faire et fais ce que tu veux. On vis dans un monde dégueulasse, on nous fais croire qu'on a pas le choix, que c'est comme ca et qu'il faut l'accepter. C'est juste un mensonge..

Et puis j'arrive a Großenbrode, la dernière ville allemande sur le continent (dans ma direction). Je continue de tracer sur les voies cyclables qu'il manque terriblement en France. Il serait compliqué de décrire comment et pourquoi je me suis retrouvé à faire un tour pour rien d'une dizaine de kilomètres. Je suis passé sous le pont en fait. En tout cas, ca m'a énervé. L'énervement me redonne de l'énergie et je repars de plus belle. Je prends le pont (et la bonne route cette fois-ci). Et plus tard, je suis au port de Puttgarden. 45 minutes de traversée, mon vélo garé entre un semi-remorque et un camping car, à côté d'un train, qui comme moi prends le ferry...

Un coucher de soleil.

J'accoste au Danemark, enfin. Je cherche un endroit ou passer la nuit. J'hésite pas longtemps, planter ma tente en front de mer semble de loin la meilleure chose à faire.

Il fait bon, je suis bercé par le bruit des vagues et le cri des mouettes. Libre. Heureux.

Mardi 12 Août

C'est mon réveil qui me fait ouvrir les yeux. Dehors, il pleut. C'est le bruit des gouttes sur ma toile de tente qui me le fait savoir, et puis l'humidité ambiante aussi. Ca ne me donne pas vraiment envie de me lever...

Je me réveille une deuxième fois. Il est 8h. Il pleut toujours, mais il faut que je me décide. Dans tous les cas il faut que je m'en aille, alors le plus tôt sera le mieux. Et puis j'ai 170km a faire jusqu'à Copenhague.

Je pars, la pluie s'arrete. Ici, les panneaux pour les vélos sont bleus. Ils indiquent les routes agréables, qui rallongent un peu, mais évitent les voitures. C'est quand même plaisant, malgré le sale temps, de longer les criques, et de voir la mer, partout. C'est la première fois que je roule sur une île. C'est bizarre. Dans n'importe quelle direction qu'on aille, on tombe sur la mer, un obstacle infranchissable en vélo. Ce n'est pas comme sur le continent, , en Europe par exemple, on peut imaginer pédaler vers l'Est pendant des dizaines de milliers de kilomètres...
A Vordingberg, je m'arrête, pour trouver une carte du Danemark et me rassasier un peu. Et je repars. Il pleut a nouveau...

Rien d'exceptionnel jusqu'à Copenhague, si ce n'est que je regrette un peu les voies cyclables allemandes... Quand j'arrive dans la ville, je passe un coup de fil à Bence, un hongrois qui vit ici depuis un an. Il accepte de m'héberger. C'est formidable. Formidable, après plus de 300km de pédalage en solitaire, de trouver quelqu'un de sympatique à qui parler, un douche, un toit et un matelas pour s'allonger.

4 comments:

Anonymous said...

je ne voudrais pas insister mais.......


founi

Anonymous said...

terrible !!!


axel

Anonymous said...

Ce coucher de soleil me donne une impression de déjà lu..
Terriblement romantique n'est-ce pas petit punk?!

Les photos attendront.. Ton récit vaut bien mieux que mille photos..

En attendant la suite.. Un bon courage et un bisou pour toi..

flo

Orely said...

Bel article, bel voyage!!!!!
C'est génial ce que tu es en train de faire ^^
Profit'en à donf!
Ca va être dur de rentrer XD mais n'en pensons pas pour l'instant :)
Orely